Nouvelle année scolaire, nouveau cours : Culture et citoyenneté québécoise fait sa grande entrée dans nos écoles et c’est dans cette nouvelle matière que le programme d’éducation à la sexualité a été intégré. En cette rentrée, pourtant, 81 % des enseignant·es estiment ne pas être suffisamment outillé·es pour l’enseigner.
C’est ce que révélait la Fédération des syndicats de l’enseignement en mai dernier. Formation expéditive ou inexistante pour plus de la moitié du personnel enseignant, manque de matériel didactique adapté : des questions portées à l’attention du ministère de l’Éducation depuis plusieurs mois, mais qui demeurent sans réponse. C’est une situation inquiétante, mais aussi exaspérante pour plusieurs groupes.
Les contenus du cours sont bons, le programme est bien structuré et adapté à chaque groupe d’âge pour les élèves. On en est à la dernière étape : offrir aux profs les ressources pour bien rendre ces contenus à leurs élèves, et c’est là qu’on sent un désengagement du gouvernement.
– Milca Bibeau, Coordonnatrice, Coalition ÉduSex
Le programme d’éducation à la sexualité a été développé sur plusieurs années grâce à des partenariats clés et avec les principales parties prenantes : les enseignant·es, les parents et, bien sûr, les jeunes. De nombreux organismes communautaires experts en la matière ont offert leur aide au ministère de l’Éducation pour contribuer à la création du matériel didactique tant attendu par les enseignant·es, mais aucune suite n’a été donnée.
Quand la désinformation nourrit les inquiétudes
L’existence des personnes LGBTQ+ et de leurs familles figure dans le programme d’éducation à la sexualité depuis de nombreuses années. Pourtant, c’est maintenant qu’émergent les critiques de groupes conservateurs, opposés à la représentation de ces réalités. Ils crient à la « sexualisation des enfants » ou accusent le gouvernement d’« endoctriner » les jeunes. Il suffit de parcourir le programme pour comprendre que ces affirmations sont fausses.
Ça peut sembler contre intuitif, mais on observe, dans les pays qui ont des politiques d’éducation à la sexualité en continu, un report des premières relations sexuelles chez les jeunes, et des premières fois plus satisfaisantes.
– Julie Descheneaux, professeure, département de Sexologie, UQAM
L’éducation à la sexualité permet aux jeunes de mieux nommer leurs besoins et leurs limites, de développer un esprit critique et de mieux comprendre et respecter leurs camarades. Cela s’applique également aux jeunes LGBTQ+, dont les droits protégés par les Chartes sont tout aussi importants à enseigner que ceux des autres jeunes, dans un cours portant sur la citoyenneté et la vie démocratique.
Avec un soutien aux enseignant·es adapté, nourri par l’expertise des organismes présents sur le terrain, le cours d’éducation à la sexualité a le potentiel de devenir un puissant vecteur de vivre-ensemble et de développement personnel.
À propos du Conseil québécois LGBT
Depuis 1993, le Conseil québécois LGBT veille à faire respecter les droits juridiques, sociaux et institutionnels de l’ensemble des membres des communautés LGBTQIA2+. Nous le faisons en soutenant les organismes LGBTQIA2+ du Québec et en les consultant afin de coordonner nos actions pour sensibiliser et mobiliser les collectivités ainsi qu’informer et de convaincre les décisionnaires.
À propos de la Coalition ÉduSex
L’éducation à la sexualité est l’affaire de toustes les acteurs et actrices oeuvrant en éducation à la sexualité, dont le milieu communautaire. Le gouvernement ne peut plus ignorer le rôle essentiel des organismes communautaires dans ces apprentissages, ce pourquoi ils doivent être représentés au sein du comité qui analyse les contenus obligatoires en éducation à la sexualité. En attendant une plus grande collaboration entre le gouvernement et les organismes communautaires sur cet enjeu, les membres de la Coalition ÉduSex s’unissent pour demander la mise en place de mesures qui garantissent le droit à une éducation à la sexualité de qualité aux jeunes Québécois·es.