Réunis en conseil le 14 février dernier, le Syndicat d’enseignement de la région des Moulins (SERM), la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ) et l’Association provinciale des enseignantes et des enseignants du Québec (APEQ) ont adopté, à la majorité, la proposition de règlement sectoriel obtenu le 22 décembre dernier.
Parmi les milliers d’enseignants qui ont exercé leur droit de vote, 59,5 % se sont prononcés en faveur de cette proposition. Les résultats témoignent selon le président du SERM, Jean-Louis Bray, d’une insatisfaction évidente à la finalité de l’entente.
« Si une majorité de nos membres reconnait plusieurs avancées, la déception est vive et palpable quant à l’insuffisance des ressources accordées par le gouvernement pour s’attaquer au problème de la composition de la classe et de la lourdeur de la tâche des enseignants. », précise monsieur Bray.
Ce sentiment est partagé par les enseignants de tous les secteurs, autant du côté des jeunes, de l’éducation des adultes que de la formation professionnelle. « On comprend les limites découlant de la pénurie de main-d’œuvre, mais le personnel enseignant s’attendait, à juste titre, à retrouver davantage de signaux témoignant de l’intention gouvernementale de s’attaquer à long terme à ces problèmes fondamentaux », ajoute Karine Nantel, vice-présidente du SERM.
Selon le SERM, le travail doit se poursuivre pour trouver des solutions aux problématiques rencontrées en explorant des pistes qui vont au-delà des limites d’une convention collective et de l’ajout de personnel. On peut penser par exemple aux lois, aux politiques, aux règlements et à l’organisation du réseau scolaire. « On ne peut pas rebâtir en une seule négociation un réseau négligé depuis 20 ans. Ça va prendre du temps et ça va prendre une volonté de travailler ensemble dans une perspective de dialogue social », ont précisé madame Nantel et monsieur Bray.
À cet effet, la FSE-CSQ et ses syndicats affiliés amorcent une offensive professionnelle pour obtenir des améliorations dans le travail quotidien des enseignants, notamment sur le plan pédagogique. Que ce soit la question de l’école à trois vitesses, de la différenciation pédagogique ou l’évaluation des apprentissages, ils proposeront au ministre Drainville des solutions concrètes pour ses problématiques de fond.
Les grandes lignes du règlement
Composition de la classe :
- L’ajout de sommes récurrentes totalisant 74 M$ en lien avec la composition de la classe, dont la vaste majorité sera gérée dans les centres de services scolaires, par les comités paritaires pour les élèves en difficulté, afin de répondre aux différentes problématiques vécues dans les milieux (pas de seuils ni prime);
- L’ajout d’une ressource additionnelle à mi-temps en maternelle 5 ans (autre que l’aide à la classe) attribuée en priorité aux groupes dont le maximum du nombre d’élèves est atteint.
Pour la tâche :
- L’obtention pour les enseignants de tous les secteurs d’un nombre de journées pédagogiques protégées quant au lieu (25 %) et l’augmentation du nombre de celles protégées quant au contenu (20 %);
- L’augmentation graduelle de la possibilité d’effectuer du télétravail, passant des 2 heures actuelles pour éventuellement atteindre 5 heures par semaine, et ce, pour les enseignants de tous les secteurs;
- L’ajout de 4 000 aides à la classe (équivalents temps plein) dès l’année scolaire 2024‑2025;
- Le retrait progressif de la surveillance collective pour atteindre, à terme, le retrait de l’ensemble de la surveillance effectuée par les enseignants du primaire, lorsque possible;
- La reconnaissance automatique d’une heure d’encadrement minimum par semaine dans la tâche éducative pour tous les enseignants du primaire, non inscrite à l’horaire.
Pour la rémunération :
- La bonification des échelons 1 à 15 de l’échelle salariale des enseignants, à laquelle il faudra ajouter les paramètres généraux de 17,4 % sur 5 ans négociés à la table centrale par le Front commun, sous réserve des résultats des votes, sans oublier la clause de protection de l’Indice des prix à la consommation (IPC);
- La bonification des taux de suppléance pour tous les statuts d’emploi permettant, notamment, une certaine reconnaissance des heures supplémentaires effectuées pour les enseignants qui ont une tâche effective à 100 % et qui font de la suppléance.
Le point sur l’entente de principe intersectorielle conclue en Front commun se fera plus tard en février.